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Balise de coach : L’évolution de l’agilité et sa littérature

 

Rédigé par Mathieu Vernet, conseiller en accompagnement agile.
Vous pouvez joindre Mathieu à : mathieu.vernet@transitionsc.ca

 

 

 

L’agilité est un terme qui est apparu au début des années 1990 mais qui se base sur des concepts bien plus anciens notamment sur des travaux “de transformation” d’entreprise de Roger N. Nagel au début des années 1960 où l’on y découvre pour la première fois l’utilisation du mot “agile”. Je mets ici volontairement les principes de Deming, apparus en 1939, de côté car ils sont plus apparentés au Lean qu’à l’agile…

Si vous le permettez, voyons donc ensemble certaines dates clés issues d’études qui ont été formalisées sous la forme d’essais littéraires à partir de 1991. Ces études nous permettent de marquer dans le temps les “bonds”, les stades, fait par l’agilité :

1991 : le terme agilité est utilisé dans un rapport consacré à “la stratégie des entreprises industrielles du 21eme siècle » par Nagel, Dove, Goldman et Preiss. Il rappelle d’ailleurs ceci : “l’entreprise agile tend vers la vente, à chaque client, de solution totales, mélangeant biens, services, et informations, à haut niveau de différenciation et au prix de série…” C’est la mise en évidence de “l’agile manufacturing”. Reconnaissez que nous sommes loin des origines IT réservées aux équipes de développement logiciel qui naitront 10 ans plus tard avec le manifeste agile.

1997 : le livre la “théorie de l’entreprise agile” d’Olivier Nadot met l’accent sur “l’entreprise agile” qui a pour base la recherche de la flexibilité à tous les niveaux de l’organisation et l’imprégnation de la logique client.

2001 : une date clé dans l’histoire de l’agilité, avec la naissance du “manifeste agile” qui met en avant 4 valeurs et 12 principes issus des pratiques de développement logiciel, écrit par 17 grands pontes de l’agilité dont Kent Beck, Alistair Cockburn, Ron Jeffries pour ne citer qu’eux… On va parler ici des lettres de noblesses des “pratiques agiles”. Ce manifeste est resté dans les mémoires mais l’agilité a continué son évolution. A ce moment charnière, le monde entier va pouvoir vraiment apprécier les méthodes “dites” lean-agiles déjà en place depuis plusieurs années telles que Scrum, kanban (dont la genèse est plutôt lean), Xtreme programming, Cristal clear et autres…

2006 : Jérôme Barrand (qui du reste, demeure un de mes mentors) publie “le manager agile”. Il décrit dans son livre les compétences et comportements clés du gestionnaire à travers sa notion phare “d’agir ensemble” nourrit par l’anticipation, la coopération et l’innovation. C’est la mise en lumière de “l’agilité comportementale”. On verra arriver en 2007 aussi les principes du système d’holacratie promut par Brian Robertson qui porte une forme d’agilité organisationnel inspirante, entrainé par un management d’autorité distribué mettant en œuvre des processus de prises de décisions communs et de répartition des responsabilités dans des équipes auto-organisées.

L’année 2010 est marquée par la parution du livre “Culture survey of agile”, de Marc Spayd. Ce dernier donne toute sa légitimité aux “cultures agiles” qui prônent le droit à l’erreur, le fait de se tromper rapidement, et en écho à l’agilité comportementale, enfonce le clou sur l’aspect de bonne réciprocité dans les relations entre individus.

Arrive 2014, avec un énorme raz de marée littéraire : le livre révolutionnaire, remplit de pépites d’innovations managériales “reinventing-organizations” de Frédéric Laloux. L’auteur se base sur une recherche rigoureuse d’entreprises pionnières qui proposent de nouveaux modèles d’organisations porteuses de sens, d’enthousiasme et d’authenticité. L’agilité vient de faire un bond dans ce que j’appellerais, les “consciences agiles”.

Enfin en 2016, né “l’agile moderne” (modern agile pour les aficionados), qui n’a pas contrairement aux autres fait l’objet de publication littéraire tirées d’étude a proprement parlé. L’agile moderne se retrouve sur une plateforme internet et fait vivre ses principes par ce canal multimédia puissant. Il s’inspire de différentes pratiques très tendances et qui fonctionne à travers un état d’esprit singulier basé sur quatre grands principes fondamentaux : Rendre les gens remarquables ; Faire de la sécurité (psychologique) un prérequis ; Expérimenter et apprendre rapidement ; Livrer de la valeur régulièrement. Ainsi nous mettons les pieds ici dans le stade d’un véritable développement d’un “état d’esprit agile”.

En survolant ces lignes vous vous rendrez compte implicitement que l’on peut distinguer les savoir-faire agiles des savoir-être agiles et que travailler l’état d’esprit au départ et souvent un facteur clés de succès vers un changement de culture vers plus d’agilité. Je vous expliquerai ce point de vue dans mon prochain billet. Retenez aussi qu’à l’heure où je vous parle, il est possible que l’agilité passe à un autre stade car “rien n’est permanent sauf le changement”.